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François Pugliese, ELITE SA

Dans l’imaginaire collectif, l’entrepreneur ne dort jamais. Cliché ou part de vérité ? Un paradoxe certain pour celui qui œuvre à faire de nos nuits un véritable rêve.

Comment François Pugliese, CEO et propriétaire de la manufacture suisse de literie d’exception ELITE, est devenu cet homme qui ne dort pratiquement pas, qui travaille «jour et nuit» et qui pourtant vend un meilleur sommeil? Cet entrepreneur infatigable au parcours atypique n’a eu de cesse de se dépasser, de vouloir faire encore mieux, de ne jamais s’arrêter sur des acquis. Il n’a pourtant pas toujours fabriqué des lits. Sa carrière professionnelle prend naissance dans le secteur automobile, comme mécanicien, chef d’atelier ou encore chef de vente. Guidé par cette volonté continuelle d’accéder au niveau suivant et, ne se voyant pas à 50 ans à cette même place, il se forme alors à la gestion d’entreprise. «A mes yeux, c’était encore trop superficiel: il me fallait me perfectionner dans les chiffres et la finance. J’ai fait un brevet de comptable et contre toute attente, je suis allé jusqu’au diplôme d’expert en finance et controlling.»

Les premières opportunités pour prendre son indépendance professionnelle se présentent alors. L’homme a déjà du flair et le sens des affaires: il décline ces offres et se retrouve directeur financier chez Honda. Quelques années compliquées mais particulièrement intéressantes, à un poste difficile. «J’aime les nouveaux défis et travailler dur ne m’a jamais fait peur. Je me suis toujours pris au jeu dans l’entreprise, m’identifiant facilement à elle - même dans celles qui ne m’appartenaient pas - m’engageant sans compter pour la satisfaction des clients, ou pour proposer le meilleur produit, la meilleure prestation. Je ne sais pas faire autrement.»

 

Comment passe-t-on alors du stade d’employé investi à celui d’entrepreneur patron?

«L’ennui peut-être. Et cette incapacité personnelle à rester dans ma zone de confort. En 2006 un copain me propose de racheter une entreprise. Je n’étais pas vraiment intéressé et je n’avais pas d’argent à investir. Sans compter que ladite entreprise «faisait du matelas» ! Moi qui avais passé plus de 20 ans dans les voitures! Pourtant, une rencontre avec la propriétaire d’ELITE, quelques heures de discussions et l’affaire était pliée: je quittais le confort d’être salarié et me lançais bel et bien dans le matelas! Je n’avais pas même visité la fabrique, ne savais pas ce que j’achetais, et le bilan lui, me donnait 6 mois de survie. Mais dans la vie comme dans le monde des affaires, les choses se mettent aussi en place au travers d’opportunités qu’il faut savoir saisir.

Dans une industrie où je ne connaissais personne et où personne ne me connaissait, où tout était à (re)faire, sans connaissances des matières premières, sans plan B ni possible retour en arrière, je ne me suis pas trop posé de questions. Prendre un risque sans alternative c’est aussi ce qui donne de la force. Il m’aura fallu gagner la confiance des banques, apprendre le métier, les matières premières, les produits. Entrer en contact avec les fournisseurs. Me faire une place sans vraiment savoir ce qu’il fallait faire. Placer les bonnes gens au bon endroit. Délivrer.

Et pour fabriquer un bon matelas, il faut les machines et les moyens qui vont avec. Savoir les faire tourner et pouvoir les réparer. Mon savoir-faire de mécanicien m’aura bien aidé durant ces soirées et ces nuits de réparation ! Et comme derrière chaque homme, il y a une femme, je dirais que la mienne a parfaitement joué le jeu. Lorsque la vie professionnelle s’accorde avec la vie privée, qu’on se retrouve dans un projet qui nous remplit et nous fait plaisir alors on a un entrepreneur qui «s’amuse». C’est important je pense. Et pouvoir concevoir et fabriquer un produit en partant de zéro, c’est une vraie satisfaction.»

« Innover toujours car le sommeil est un secteur en pleine expansion, complètement dans l’air du temps. »

François Pugliese  

 

Quinze ans plus tard, en quelques chiffres?

«Aujourd’hui, de 18 collaborateurs nous sommes passés à 150; de 2 millions de chiffres d’affaire à 30. Et sous le nom Elite & Co se développent plusieurs acquisitions. Dans le monde de l’entreprise une chose est certaine: rien n’est acquis. En 15 ans nous aurons connu les années fastes et également les crises. Et c’est toujours un peu le même cycle: à chaque fois qu’on est bien, on se reprend quelque chose dans les dents. Cette année n’aura pas échappé à la règle mais on ne s’arrête pas pour autant.»

Comment se dessine l’avenir?

«Notre notoriété est déjà bien établie en Suisse romande et pour les dix prochaines années, nous avons un plan de développement de la marque, que ce soit en Suisse alémanique, à l’export ou encore dans l’hôtellerie. Tout n’est pas toujours une question d’argent mais bien de reconnaissance du marché et d’une certaine qualité du produit. Innover toujours car le sommeil est un secteur en pleine expansion, complètement dans l’air du temps.»

On dit de l’entrepreneur qu’il est un rêveur mais… il est simplement de ceux qui ne dorment pas.

 

Plus d'informations sur : www.elitebeds.ch