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EXPÉRIENCE AU NÜRBURGRING, «L’Enfer Vert» de la région du Nürburg

Cette définition décrit bien cette région du massif de l’Eifel, car depuis bientôt 100 ans, à proximité du Château de Nürburg, les autorités allemandes décidèrent de créer le circuit le plus long au monde encore en activité à ce jour, alternant portions rapides et sinueuses, virages aveugles et reliefs vertigineux. Il est surnommé «L’Enfer Vert» par Jackie Stewart en 1968, après un Grand Prix d’Allemagne dantesque sous une météo épouvantable.

 

Même par beau temps, le Nürburgring dans sa boucle du Nord, appelée Nordschleife d’une longueur de 20,832km comptant pas moins de 73 virages, 33 gauches et 40 droits, a la réputation d’être le circuit le plus exigeant au monde, réputation en aucun cas surfaite. Imaginez des montées à 16%, des descentes à 11%, un tracé si compliqué qu’il demande énormément de tours avant de commencer à le mémoriser. Son apprentissage est long et motivant pour un passionné de pilotage. Difficile de s’en lasser.

A côté des courses organisées, des tests de développements effectués par les différents constructeurs et équipementiers automobiles du monde entier, la Nordschleife est aussi très régulièrement ouverte au public tout au long de la saison, de mars à début novembre. Et lors de cette ouverture «Touristenfahrten» unique au monde, tout confondu...voitures de tourisme, minivans, SUV, gros 4X4, «voitures de course» homologuées sur la route et motos, se partagent l’asphalte dans L’Enfer Vert.

 

Pour une première expérience sur la Nordschleife lors du Touristenfahrten, plusieurs opportunités s’offrent à vous: de l’utilisation de sa voiture personnelle, à la location d’un véhicule avec instructeur ou encore un tour «Taxi» avec un pilote professionnel. Enfin, en tant que pilote aguerri possédant déjà un véhicule adapté pour les circuits, et avec un peu de courage, vous pourrez vous lancer à l’assaut des plus de 20km de pure adrénaline, frissons garantis!

Place au pilotage: après le départ sur la ligne droite de Döttinger Höhe, passage sous le pont Antoniusbuche, le point de départ du BridgeToGantry (BTG). Vous commencez immédiatement par une pointe de vitesse à plus de 200km/h, une forte compression avant une première série de virages à Tiergarten, clin d’œil rapide au circuit GP. Survient ensuite toute une série de courbes dans la partie d’Hatzenbach avant de foncer vers Flugplatz et de continuer plein gaz sur Schwedenkreuz à plus de 270km/h pour les plus rapides.

S’ensuit la descente vertigineuse, sautillante et rapide dans le trou du renard, lieu-dit Fuchsröhre. Les 250km/h sont atteints par certains. Adenauer Forst se jette littéralement à nous sans visibilité. Ce passage est très connu sur Youtube pour les nombreuses sorties de piste, la plupart du temps sans gravité au vu de la vitesse relativement basse, passage lent et technique.

A nouveau une série de gauches droites en descente pour atteindre le pont de Breidcheid et entrer dans la bourgade d’Adenau. Nous voici arrivés au point le plus bas du tracé. Nous remontons par une très forte pente vers le Lauda Links, tristement connu par la sortie de piste en 1976 du célèbre coureur automobile Nicki Lauda, juste avant le virage de Bergwerk. Ce segment Breidcheid-Bergwerk doit avoir donné le nom «d’Enfer Vert» à la Nordschleife. La forêt recouvre littéralement le bitume. Il y fait sombre et l’humidité est ambiante!

On continue la longue montée, gaz à fond, 240km/h voire plus avec quelques courbes délicates dont notamment la Mutkurve, «courbe du courage»... Le grand droite de Steilstrecke annonce l’entrée du mythique gauche à 180° du Caracciola- Karussell, au kilomètre 13. Virage légendaire et technique, sur des dalles en béton en pente raide qui ont été posées en 1932. Timo Bernhard résume bien ce virage: «Vous ne pouvez pas gagner beaucoup de temps, mais vous pouvez tout perdre». Les pilotes sont soumis à une accélération latérale de 2g. Pour ma part, je n’apprécie pas particulièrement ce virage.

Nous atteignons ensuite Hohe Acht par quelques pifs pafs pris à vive allure sur une pente abrupte, et si vous avez l’occasion de faire le tour du circuit à vélo lors de la mythique manifestation du «Rad am Ring», vous allez comprendre de quoi je parle. Passé Hohe Acht, les virages s’enchainent à une allure folle dont le fameux Wippermann où l’on mange carrément le vibreur. Vient ensuite le double droite de Brünnchen, appelé communément Camping Platz car le public s’y déplace en masse venant observer les prouesses plus ou moins contrôlées des pilotes du Touristenfahrten. Amorçons enfin une petite descente vertigineuse qui nous permet de prendre l’élan pour s’envoler à Pfanzgarten. Je ne mâche pas mes mots, car les plus rapides décollent littéralement les 4 roues!

Les Stefan-Bellof-S sont avalés à vive allure avant de toucher les 220/230km/h pour un gros freinage, droite gauche rapide et entrée dans le petit carrousel au nom imprononçable pour nous autres francophones: Schwalbenschwanz! La sortie est aussi souvent lieu de figures de style très improbables. Reste ensuite à négocier l’interminable droite de Galgenkopf avant de se glisser dessous le portique d’Audi et, arrêt du chrono BtG. La longue ligne droite montante de Döttinger Höhe s’offre à nous, et nous pouvons calmer l’allure.

Yes, you did it! Maintenant que vous avez survécu à «L’Enfer Vert», vous pouvez coller sur votre voiture le sticker officiel qui marque votre appartenance au cercle fermé de ceux qui l’ont vaincu. Ici, jeunes, vieux, hommes et femmes se réunissent autour d’une même passion, chacun son style, tous différents, mais tous attirés par ce mythique et unique circuit.

 

Texte: Fabrice Grognuz

Plus d'informations sur : nuerburgring.de