Snowboardeur de la première heure, Xavier Rosset a fait des montagnes du Val de Bagnes son terrain de jeu favori. S’il a depuis toujours l’âme vagabonde et aventurière, c’est à Verbier où sont ses racines, que cet assoiffé de voyages et de découvertes, pose ses valises entre deux expéditions. Au pied de son mayen, avec son ami Grégoire Schmidt, il pose son regard sur la vie et sur Verbier.
De l’extraordinaire à la simplicité
Grégoire Schmidt: Si on me demandait «Qui est Xavier Rosset?», je dirais «Un homme authentique, tenace. L’ami sur qui on peut compter. Jamais décevant. Qui fait toujours ce qu’il dit. Un homme vrai.» Et toi, si tu devais te décrire en quelques mots?
Xavier Rosset: J’ai... (il réfléchit presque à son âge véritable) 44 ans, mais je suis toujours un teenager dans ma tête! La vie m’a appris à être perspicace et si elle m’a emmené hors des sentiers battus, sur des routes extraordinaires, je garde le goût des choses simples. Ma philosophie de vie, c’est: Essayer. Toujours. Sans mode d’emploi bien souvent. Vivre ses rêves et réaliser ainsi sa vie. Dire, c’est facile. Mais on est qui l’on est par ce que l’on fait.
GS: Tu as justement fait du snowboard ton métier et de ta vie une perpétuelle aventure. Du désert d’Arabie Saoudite, à tes 300 jours seul sur une île inhabitée ou encore ta dernière expédition en ULM pendulaire à travers la planète... Qu’est-ce qui a fait naître cette passion de l’ailleurs?
XR: La clientèle cosmopolite de Verbier tout d’abord. Moi qui ai grandi ici, ces gens venant des quatre coins du monde, aux parcours de vie souvent incroyables, m’ont donné envie, d’aller voir «comment c’était, chez eux». Aiguisant mon envie d’ailleurs.
Après la compétition de snowboard je voulais faire autre chose. Aimant les défis, je me suis dit: «Pourquoi ne pas faire exactement l’opposé de ce qui me définit?» J’étais un pur cru de la montagne, vivant dans la neige une grande partie de l’année. Un «animal» sociable. Alors à l’extrême de tout ça, j’ai choisi de partir 300 jours seul au monde, dans la chaleur d’une île du Pacifique.
L’île de TOFUA serait ma Terre d’accueil et, pour le reste et l’essentiel, aller là-bas avec un œil neuf et «essayer». Vivre selon des codes qui ne sont plus les nôtres. Là où le temps est la plus grande des richesses.
GS: On est sans doute tous en quête de cela. Les gens qui viennent ici recherchent peut-être, eux aussi, cet équilibre. Une sorte de parenthèse dans une vie souvent stressante, pour trouver du temps pour soi, skier, respirer au grand air. Et Verbier offre le bon décor pour ça.
XR: On est un peu hors du temps ici. En montagne on ne pense plus à rien d’autre. Le ski, le bike, le parapente, les ballades offrent cette liberté. Un exutoire incroyable pour se vider la tête ! Et si l’été à Verbier est plus méconnu, il faut faire l’exercice estival! On n’est pas déçu. Beaucoup profitant d’une résidence secondaire et des joies de l’hiver uniquement, ont finalement fait le choix de s’installer ici à l’année.
Dans un cadre unique et inspirant, plein sud, avec une vue incroyable, baigné de soleil du matin au soir, Verbier est une bulle qui abrite désormais à plein temps une clientèle internationale. Conciliant travail à distance et un fabuleux terrain de jeu naturel. Ici on vit dehors littéralement. Se lever «au vert» avec les montagnes comme décor, c’est le luxe suprême. Une liberté́ et un privilège incroyables.
GS: Ta définition du bonheur, ce serait donc ça?
XR: La liberté́ oui! Et mettre en avant les choses simples qui sont aussi les plus belles. Si on a tous cela au fond de nous, pris dans le rythme effréné et les contingences de la vie, le travail et les responsabilités, on a tendance à l’oublier. Pour ma part, j’ai fait le choix d’aller à l’essentiel tout en respectant mes obligations. Me donnant les moyens de faire ce qui me fait vibrer.
Dans un monde qui nous pousse à la surconsommation, se projetant constamment dans le futur, vivre l’instant présent permet de faire une introspection, de savoir qui l’on est, de vivre en harmonie avec la nature. Ou même de prendre le temps de s’ennuyer. Sans ce temps, selon moi, on ne se pose pas les véritables questions.
GS: Ce temps pour toi, tu l’as saisi à nouveau lors de ton expédition FLY THE WORLD. Parle-nous un peu de cette dernière aventure...
XR: FLY THE WORLD, c’est 400 jours en ULM pendulaire, seul, à travers la planète. Une expédition marquée par des rencontres incroyables! Et beaucoup d’images racontant ce voyage avec l’envie de montrer, sous forme de documentaire, le choc des civilisations, le savoir ancestral de certaines peuplades, voir une vision un peu différente de cette société́ ou de ce que la planète a à nous offrir. Une manière également de nous pousser au questionnement sur la vie, afin de percevoir ce qui est juste par rapport à nous-mêmes. Nos propres priorités, sans toutefois juger celles des autres. Apprendre à se connaître soi-même avant toute chose, c’est tellement important.
« Le voyage, la meilleure école de vie. »
GS: Dans notre échange, l’éloge du temps revient souvent et prend tout son sens...
XR: Luxe et liberté ultimes oui, que d’avoir du temps ou de le prendre, que ce soit pour réaliser ses envies, ses projets ou sa vie. Une manière également de prendre soin de soi. Ne pas se lever sous la contrainte et vivre sans routine sont mes priorités. La routine me tuerait. Faire ce qui me rend heureux est mon travail à plein temps. La vie est là. C’est une belle aventure et je veux pouvoir me retourner en étant satisfait de ce que j’ai vécu. Ne pas être grillé par le système ou encore attendre la retraite pour vivre. Ce que j’essaie de faire au quotidien en me levant le matin.
Surtout ne pas laisser s'éteindre les rêves.
Le besoin de la pirogue et le besoin de l'arbre
« Tout homme est tiraillé entre deux besoins: le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, soit de l’enracinement, de l’identité. Et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre, jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue. »
Mythe mélanésien de l'île de Vanuatu