Trilogie – La Suisse sans valeur locative (2/3) - Résidences secondaires : la grande inconnue fiscale

Gazette de Martigny, article de presse SCHMIDT

Avec la fin de la valeur locative, les cantons devront compenser des pertes fiscales. Faut-il craindre un impôt spécial sur les résidences secondaires, et particulièrement en Valais?

La votation du 28 septembre 2025 n’a pas seulement mis fin à la valeur locative. Elle ouvre aussi une page nouvelle et incertaine: comment les cantons vont-ils compenser les pertes fiscales qui en découlent? Parmi les pistes prévues, figure la possibilité d’instaurer un impôt spécial sur les résidences secondaires. Rien n’est décidé, mais le débat est lancé.

Ce nouvel impôt, autorisé par la Constitution révisée, viserait uniquement les biens utilisés à titre personnel et non loués. Son objectif serait clair: rééquilibrer les recettes fiscales, surtout dans les cantons touristiques. Mais son application concrète reste entourée de nombreuses incertitudes. Chaque canton aura la liberté de l’introduire ou non, de définir ses modalités, voire de déléguer la compétence aux communes. L’entrée en vigueur ne pourra intervenir qu’au plus tôt en 2028.

Le Valais est au cœur de cette équation. Avec plus de 70'000 résidences secondaires, réparties entre stations internationales comme Verbier, Crans-Montana ou Zermatt et villages de moyenne montagne, la question n’est pas théorique. Ces communes tirent déjà une part importante de leurs finances de l’impôt foncier, des taxes de séjour ou encore des redevances touristiques. Ajouter un nouvel impôt pourrait renforcer les budgets locaux, mais aussi peser lourdement sur les propriétaires et, à terme, fragiliser l’attractivité de la région.

Les enjeux sont multiples. Du point de vue des finances publiques, un tel impôt offrirait un instrument de stabilisation bienvenue. Mais du point de vue économique, il risque de décourager certains propriétaires, voire de pousser à la vente. Or, ces chalets et appartements sont souvent utilisés par des familles suisses qui animent la vie des stations, consomment localement et soutiennent l’économie de proximité. L’équilibre est donc délicat: renforcer la fiscalité sans assécher le tissu économique.

Les propriétaires valaisans s’interrogent déjà. Faut-il anticiper une hausse de la charge fiscale sur les chalets de montagne? Le danger existe, mais dépendra de la volonté politique cantonale et communale. D’ici là, la prudence impose de suivre l’évolution des débats et de se préparer à différents scénarios.

Conclusion

L’impôt spécial sur les résidences secondaires n’est pas encore une réalité, mais il est devenu une possibilité. Dans un canton comme le Valais, il pourrait modifier en profondeur la relation entre tourisme, fiscalité et propriété privée. Le prochain acte de cette trilogie abordera les stratégies concrètes à envisager face à ce nouveau paysage.

 

Suite du sujet dans ma prochaine chronique: 3/3 Stratégies patrimoniales à l’heure du changement

Grégoire SCHMIDT

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