Sans commission, mais surtout sans éthique

Gazette de Martigny, article de presse SCHMIDT

C’est la réflexion que je me suis faite il y a quelques jours, en découvrant un publireportage payé par l’une de ces nouvelles agences immobilières dites «digitales», et inséré dans un magazine régional.

Si vous lisez cette chronique régulièrement, vous ne serez pas surpris d’entendre que, dans notre métier de courtier en immobilier, nous accordons une place prépondérante à la relation clients, eu égard à l’importance que revêt une transaction immobilière dans une vie. La confiance qui s’établit entre le vendeur et son courtier professionnel est un élément crucial pour une opération de vente réussie.

Or comment faire confiance à un acteur récemment arrivé sur le marché du courtage immobilier qui s’autoproclame «agence numéro un en Suisse»? La lecture de cette publicité, écrite dans un style rédactionnel afin de se faire passer pour un article rédigé par un journaliste, nous informe sur cette soi-disant place de numéro 1.

On veut nous faire croire que cette agence serait devenue première en «courtage immobilier en Suisse avec une moyenne de plus de 90 ventes réussies par mois». Ces chiffres, qui paraissent pour le moins suspects aux yeux de professionnels avertis, sont bien entendu invérifiables… Mais quand bien même le seraient-ils, est-ce cela être numéro 1? Être l’agence qui fait plus de ventes que toutes les autres?  

Cette façon de promouvoir le métier de courtier en immobilier est dommageable. Non pas pour l’agence en elle-même, dont on comprend que le nombre de ventes est un objectif de survie, mais bel et bien pour tous les clients, qui se voient considérés sous le spectre de la quantité. Vouloir diminuer les frais imputés aux vendeurs lors d’une transaction immobilière est certes séduisant pour attirer de nouveaux clients, mais le faire pour engranger un maximum de mandats n’est pas digne d’une agence professionnelle.

D’ailleurs, ce que cette agence oublie de signaler dans son publireportage, c’est que quoiqu’il arrive, elle facturera des honoraires forfaitaires de plusieurs milliers de francs qui devront être payés par le vendeur, quand bien même son bien immobilier ne trouvera pas preneur. Une pratique non conforme aux usages de la profession, qui met le client dans une position de surprise et de pression au moment de signer son mandat de courtage.

Qui d’entre vous accepterait un premier rendez-vous s’il savait clairement qu’il serait obligé de payer à l’avance des honoraires de plusieurs milliers de francs, sans garantie de résultat?

Oubli malencontreux ou dissimulation volontaire de la vérité? Chacun est libre de se faire un avis sur la question.

Quand on se targue d’être la seule agence à faire preuve de «transparence», comme il est écrit dans ce publireportage, il aurait été honnête et loyal d’indiquer cette condition cruciale. On constate à regret que transparence et éthique ne sont pas la priorité ici, contrairement au matraquage publicitaire pour obtenir une tribune afin de tenter de s’octroyer une légitimité.

Ce dernier point est d’ailleurs ce qui me choque le plus. Vouloir faire sa place dans le marché du courtage immobilier quand on est un nouveau venu est parfaitement légitime. Nous évoluons dans un marché libre où la concurrence loyale stimule les différents acteurs. Mais le faire en dénigrant systématiquement toutes les agences de la place, indiquant que la vente traditionnelle se fait avec «une certaine dose de mystère quant à la manière dont la magie s’opère», est tout simplement grossier.  

Les techniques d’estimation de biens immobiliers sont nombreuses, complexes et bien souvent complémentaires. Affirmer que les courtiers professionnels, pour certains titulaires de Brevets Fédéraux, travaillent de manière mystérieuse, est une accusation sans fondement qui révèle de la méconnaissance totale du métier de courtier en immobilier, que cette  agence prétend pourtant tenter d’exercer.

Ce genre de communication volontairement calomnieuse et outrancière est une posture déplorable, que je ne manquerai pas de dénoncer à chaque occasion.

 

Grégoire SCHMIDT

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