Quand l’éthique s’efface au profit d’intérêts personnels, il faut rappeler que l’immobilier n’est pas un terrain de jeu pour les profiteurs.
Certains pensent qu’un carnet d’adresses et du bagout suffisent à faire illusion dans le monde exigeant de l’immobilier d’aujourd’hui. Voici l’histoire d’un gestionnaire de fortune en fin de carrière qui franchit la ligne rouge.
Son client étranger souhaite vendre un bien de prestige en Valais. Au lieu de l’orienter vers un professionnel de la place, le gestionnaire de fortune s’improvise du jour au lendemain courtier en immobilier. Il en parle à un ami de confiance, qui tente de le dissuader et organise pour lui une rencontre avec une agence reconnue.
L’agence investit temps et expertise, propose une stratégie, identifie les pièges. Le gestionnaire écoute attentivement, mais son réel objectif se dessine: obtenir une estimation professionnelle sans le mandat du propriétaire. La personne responsable de l’agence lui rappelle les règles de déontologie et pose un cadre clair et transparent: contact direct avec le propriétaire, mandat exclusif signé, rémunération équitable de l’agence, du gestionnaire de fortune indicateur et de son ami entremetteur.
Refus catégorique du gestionnaire de fortune. L’ami entremetteur? Écarté. «Je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais le rémunérer», tranche-t-il.
En parallèle des rendez-vous avec l’agence, on apprendra qu’il organise lui-même des visites sur ses heures de travail, mobilise une société de nettoyage locale comme apporteur d’acheteurs - contre une commission.
La vente est conclue en quelques heures avec le premier acheteur intéressé. Vendu au meilleur prix? Aucune idée. Il a été fixé par le gestionnaire, sans aucune expertise réalisée par un professionnel. Une transaction menée hors cadre contractuel, hors compétence, hors éthique vis-à-vis de tous.
Ironie de l’histoire: Le gestionnaire de fortune songeait à informer son actuel employeur… avant de renoncer pour ne pas devoir partager la commission - plusieurs tranches de six chiffres qui auront sans aucun doute triplé son revenu annuel.
Ces pratiques inadmissibles sapent la confiance, dévalorisent la profession de courtier en immobilier et confondent opportunisme et prédation.
Mais certaines règles, elles, ne se contournent pas. La fiscalité, par exemple. Ce gain extraordinaire s’additionnera au revenu du gestionnaire de fortune. Et il sera taxé - au taux maximal.
Courtier en immobilier n’est pas un loisir. C’est un métier sérieux. Et ceux qui s’y aventurent par opportunisme sans compétences et sans éthique devront, tôt ou tard, en assumer les conséquences.
Profession : Opportuniste immobilier
Gazette de Martigny, article de presse SCHMIDT

Grégoire SCHMIDT