Il y a 10 ans, le 11 mars 2012 pour être précis, un séisme secouait les professionnels de l’immobilier. Tout particulièrement dans le Valais, car la loi sur les résidences secondaires, appelée Lex Weber, acceptée par le peuple suisse à 50.6%, sonnait le glas de nombre de projets de construction dans notre canton.
D’ailleurs, les habitants du Valais ne s’y étaient pas trompé, puisqu’ils avaient voté à 73.8% contre cette initiative, le plus haut taux de refus cantonal. Ce qui n’a pas empêché la loi d’entrer en vigueur le 1er janvier 2016, via un article constitutionnel interdisant la construction de résidences secondaires dans les communes possédant déjà 20% de ce type de biens sur leur territoire.
Il n’est pas question ici de refaire l’Histoire, mais il est intéressant de jeter un œil dans le rétroviseur afin de comprendre l’impact de cette loi sur le marché de l’immobilier local. D’autant plus quand on sait que, je le disais récemment ici, la demande de logements est forte et les biens à disposition se font rares.
Cette situation, que nous vivons au jour le jour dans nos activités d’experts immobiliers, est manifeste. Elle n’a pas échappé aux analystes du Crédit Suisse, qui partagent dans leur dernière étude, parue en début d’année, leurs réflexions sur ce sujet, en se prêtant au jeu de mesurer l’impact réel de cette loi sur le marché de l’immobilier.
Il me faudrait plus qu’une chronique pour décrire le modus operandi, les enseignements et les conclusions de leurs réflexions, ce qui n’est pas le propos ici. Je vous invite à lire cette étude si vous souhaitez en savoir plus sur ces éléments. Ce qui est intéressant de relever, et de comprendre, c’est la tension que cette loi a insidieusement engendrée sur le marché immobilier actuel des résidences secondaires, voire du marché immobilier tout court.
Ce dernier est en effet pris dans un étau qui se resserre inexorablement, avec d’un côté les aspects réglementaires interdisant la construction de ce type de biens dans de nombreuses communes valaisannes, et de l’autre côté, la demande pressante d’un nombre toujours plus élevé de ménages souhaitant devenir propriétaires de résidences secondaires.
Ce que la loi n’avait pas envisagé, c’est que cette tension, alimentée par le regain d’intérêt pour les résidences secondaires, que la pandémie a bien évidemment renforcé, se fait pour partie au détriment des habitants du canton. Ces derniers voient les opportunités de se loger à des prix abordables diminuer comme peau de chagrin, à mesure que les offres disparaissent et que, loi du marché oblige, les prix augmentent.
Un dur retour de bâton pour les valaisans et, comme le disent les analystes de cette étude, un effet corollaire qui va contre l’esprit de loi telle qu’elle avait été pensée, étant donné qu’elle avait notamment pour vocation de maintenir sur le marché des logements des prix abordables pour les autochtones.
Quid de l’évolution du marché immobilier des résidences secondaires ? Bien malin celui qui pourra le dire. L’impossibilité de construire ce type de biens reste un frein important à l’acquisition, qui a des répercussions bien plus étendues qu’on ne pouvait l’imaginer il y a 10 ans…