L’inflation est de retour. La reprise économique post-covid, les tensions en Ukraine et l’envolée des matières premières l’ont tirée de deux décennies de sommeil. Selon l’Office fédéral de la statistique, elle s’est majorée de 2,6% entre avril 2022 et avril 2023 et devrait continuer à évoluer en zone rouge. Quel est son effet à terme sur le marché immobilier ?
Le renchérissement ne concerne pas uniquement les prix des biens de consommation ou des services comme le pain, l’essence ou les vacances. Il influence aussi l’orientation de la politique monétaire de la Banque centrale suisse (BNS) lorsqu’il se situe au-dessus de ses valeurs cibles comprises entre 0 et 2%. Lors de sa dernière réunion du 23 avril, la BNS a augmenté son taux directeur de 50 points de base pour l’amener à 1,5%, en raison de l’accroissement des poussées inflationnistes. Son président Thomas Jordan a également déclaré qu’il n’exclut pas de tour de vis supplémentaire.
Le rôle de la BNS dans l’évolution du marché immobilier demeure crucial. Son taux directeur mène les taux hypothécaires : ils évoluent dans le même sens. Après l’annonce de la BNS, le taux Saron (anciennement LIBOR) a grimpé de 0,91 à 1,41%. Calculés sur la base du Saron, les taux hypothécaires à court terme se situent maintenant dans une fourchette comprise entre 2 et 3%. Selon les prévisions d’une grande banque suisse (récemment à la une de la presse internationale), les conditions des prêts à court terme devraient continuer à augmenter dans les 3 prochains mois pour s’établir à 3,2%. Les perspectives publiées par la majorité des établissements bancaires vont dans le même sens.
L’augmentation du coût de l’argent commence à amenuiser les capacités financières des particuliers songeant à acquérir une propriété. À terme, l’affaiblissement de la demande de biens immobiliers entrainera un recul des prix, qui ont atteint des niveaux records à la fin de l’année passée. En 2022, les prix des logements en propriété ont majoré de 5,2% et ceux des villas de 5,5%. Cependant, ils ont déjà commencé à stagner au premier trimestre. Il semble ainsi plus avisé de vendre son bien maintenant afin de profiter des niveaux de prix attrayants, au lieu d’attendre de se retrouver dans « un marché de vendeurs ».